Des sons



1. A partir des notations conventionnelles présentées par la table des caractères, de nombreux sons du français peuvent être transcrits directement sans difficulté.
De ce fait, les mots ne comportant que des syllabes simples ouvertes commençant par une consonne s'écrivent simplement en les décomposant en syllabes puis en extrayant de la table les signes correspondants.
Exemples : carreau ka-ro
-- canoter ka-no-te
-- Nicole Ni-co-le

2. Pour trouver dans la table toutes les équivalences utiles, il est nécessaire de donner au signe une extension de valeur évidente dans certains cas: le signe te doit rendre aussi bien le "ter" de "canoter" que le "te" de "batterie".
De même le signe tu peut transcrire le "tu" de "tutu" que le "tou" de "toutou". Les signes za, ze, zo seront entendus aussi bien avec un z simple qu'avec le groupe dz mycénien. En outre, il est proposé de ne pas tenir compte des derniers travaux scientifiques et de "tricher" un peu en conservant au signe la valeur "zu" qui lui a été longtemps attribuée.
Exemples : batterie ba-te-ri
-- tutu tu-tu
-- toutou tou-tou
L'exemple de "batterie" permet de rappeler que les signes du linéaires B ont plusieurs valeurs et que leur lecture dépend du contexte, c'est-à-dire du mot en cours de lecture. Ainsi "ba" est rendu par le même signe que "pa".
Les deux exemples suivants fournissent un exemple d'ambiguité (homophonie) qui est normalement levée par le contexte sémantique, de même que l'auditeur français distingue à l'écoute "cou" de "coup" ou "coût" selon le sens du discours entendu.

3. Lorsque le mot commence par une voyelle, il est possible d'appliquer l'usage mycénien en notant simplement la voyelle.
Exemples : aterri a-te-ri
-- irrité i-ri-te

4. Les choses commencent à se corser avec le sons "ge" du français. Il est proposé de s'inspirer, par un raccourci hardi, du grec moderne. Celui-ci transcrit par exemple, Johnson par Tzonson.
Il est ainsi assez naturel, par une usage répandu chez certaines personnes affectées d'un léger défaut de prononciation, de "zozoter" systématiquement (à l'écrit, du moins, car il n'est pas question de modifier le discours parlé) :
Exemples : jauger zo-ze
-- je le jugeais zazou ze leu zu-zé za-zou
Pour faciliter la lecture, il est recommandé d'introduire des espaces dans l'écriture. Il est rappelé, au passage, que l'écriture mycénienne note "le" et "re" par le même signe.

5. De la même manière, il est proposé de pallier l'absence de signe identifié pour rendre le son doux "ch" français en s'inspirant du grec moderne.
En effet, le démotique écrit patriarcis pour traduire "patriarche". Le "chi" se prononce d'ailleurs, dans ce cas là, légèrement, comme le "ch" du Ich allemand et non lourdement comme le "ch" de niche en français. Il s'en approche toutefois suffisamment pour la présente approche.
Par ailleurs, le "chi" moderne, lorsqu'il est dur, se prononce comme le "ch" guttural allemand de achtung. Il s'agit d'une sorte d'aspiration très dure. D'ailleurs, en Crète, le nom de la ville de Cania et souvent transcrit en caractères latins sous la forme Hania. On est ainsi conduit à proposer d'utiliser pour transcrire le "ch" français le signe de l'aspiration (n° 25 - ha) ; l'idée est d'étendre à ce son particulier le traitement appliqué par les Mycéniens aux consonnes doubles (expliqué plus loin), et de décomposer les syllabes "ch-" en deux signes : le signe de l'aspiration (ha) suivi du signe de la voyelle comprise dans la syllabe, si toutefois elle est différente de a. L'aspiration étant par ailleurs très peu répandue en français, il est possible de spécialiser le signe 25 à cet usage ; ceci a l'immense avantage de supprimer tout risque d'ambiguité.
Exemples : chat ha
-- chaud ha-o
-- cheminée ha-e-mi-ne
Certes, cette solution ad hoc n'est pas extrêmement élégante mais elle vaut mieux que de créer un nouveau signe pour les sons difficiles, ne suivant pas en cela Cyrille dans sa transcription du russe avec l'alphabet grec.
Le lecteur puriste peut se rassurer : c'est en tout cas l'écart le plus important qui sera fait par rapport aux règles d'origine.

6. Le son F du français est également absent du linéaire B standard.
Cette difficulté se présente cependant mieux que la précédente car l'histoire de la langue grecque, d'après Chadwick, fait remonter l'origine de la lettre romaine f au digamma grec, lui-même issu, par la voie détournée de certains dialectes, du w du linéaire B.
Dès lors, la représentation du f par w s'impose d'elle-même.
Dans le même temps, il est naturel de représenter également par cette série de signes les sons v et de laisser au lecteur le soin de choisir, à l'issue de son déchiffrement, la prononciation convenable... comme le faisait le lecteur mycénien en grec préhistorique !
Exemples : C'est fabuleux se fa-bu-le
-- pas fâché pa fa-ha-e

7. Il faut maintenant s'intéresser au cas des syllabes à consonnes multiples. Il n'y a pas besoin d'innover puisque le linéaire B répond déjà par ses propres règles à ce besoin.
Si la syllabe fait partie de celles pour lesquelles il existe un signe optionnel en linéaire B, on l'emploie.
Dans le cas contraire, si la deuxième consonne fait partie du groupe initiale de consonnes, on sépare les deux consonnes et on utilise les deux signes, pour rendre les deux sons (avec deux fois la même voyelle). Si, la deuxième consonne est en fin de syllabe, elle peut être omise mais seulement si elle précède une autre consonne. En grec ancien, le s initial devant une autre consonne était également omis. Pour éviter les confusions, il est proposé de ne pas retenir cette règle pour la transcription du français.
Exemples : adapté a-da-pté
-- spirale si-pi-ra-le
-- aspirer a-si-pi-re

8. Le français comporte aussi un certain nombre de diphtongues sourdes : "on", "an", "in", "un". La consonne figurant dans l'écriture de ces sons n'étant pas prononcée, il n'y a pas lieu de la noter. Les diphtongues seront simplement notées par leur voyelle, le contexte faisant le reste.
Exemples : papillon pa-pi-jo
-- parrain pa-ri

9. Le français comporte aussi un certain nombre de syllabes à deux voyelles. Dans le cas où une telle situation ne peut pas être traitée en employant l'un des signes optionnels, il semble judicieux de découper la syllabe en deux avec une syllabe simple à une voyelle, suivie d'une voyelle isolée, et les deux parties peuvent être transcrites par les règles habituelles.

10. A ce stade, il reste une difficulté qui tient à notre connaissance incomplète du linéaire B et au caractère lacunaire de la table des caractères, probablement dû à notre ignorance.
En effet, la table des signes pour le français bâtie à partir des règles qui précèdent fait apparaître 2 lacunes.
Pour les pallier, on choisit deux signes parmi ceux qui sont encore non identifiés à cette heure (en les marquant en couleur pour bien faire apparaître le caractère arbitraire de ce choix).



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